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Aujourd’hui vendredi 10 décembre 2021 s’ouvre le procès de Reckya Madougou devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Candidate recalée à l’élection présidentielle béninoise d’avril 2021, elle avait été arrêtée pour « financement du terrorisme » le 3 mars 2021. Retour sur les récentes actions de l’ancienne ministre de la Justice du président Boni Yayi et Conseillère du président Gnassingbé (Togo), dans les mois qui ont précédé son arrestation.
La polémique sur la culpabilité de Reckya Madougou secoue le Bénin depuis quelques mois. Le jugement du tribunal de la CRIET décidera au terme du procès, de la libération de cette dernière, ou bien de la poursuite de son incarcération.
Certains avocats de la défense ont dénoncé une affaire politique menée à l’aide d’une instruction partiale, dans le cadre d’un dossier creux. Des mots éloquents mais qui ne rendent pas forcément compte de la réalité de la situation. Si personne, si ce n’est la Justice, ne peut se prononcer sur la culpabilité de Reckya Madougou, le dossier n’apparaît pas si vide.
Que reproche-t-on donc à cette femme politique influente ?
Le boutefeu
Dans un premier temps, il est nécessaire de rappeler que l’arrestation de Reckya Madougou intervient après que son dossier de candidature a été officiellement recalé faute de parrainages d’élus. De facto, sa mise sous mandat de dépôt, le 5 mars, n’affecte pas la campagne présidentielle, ni l’opposition légaliste du FCBE. On voit donc mal pourquoi le gouvernement aurait pris le risque d’une arrestation, si sensible médiatiquement, sans éléments tangibles, ou sans craintes avérées.
L’arrestation de Reckya Madougou intervient après les aveux du Colonel Ibrahim Mama Touré. Ce dernier a avoué avoir prévu une série d’attentats terroristes, avec le soutien de l’ancienne ministre de la Justice. L’objectif recherché étant de suspendre le processus électoral alors en cours.
Pour certains, cet aveu est trop mince. Cependant, il se relie à d’autres indices. En effet, le lendemain de l’incarcération de l’ex-candidate étaient dévoilés une série de textos, qui avaient été envoyés par erreur au ministre Modeste Kérékou, et dont Reckya Madougou a reconnu être l’auteur. Leur contenu évoquait une « offensive collective » contre le président Talon, avec une collusion potentielle du président Faure Gnassingbé.
Volonté de sédition ?
Plusieurs semaines avant son arrestation, Reckya Madougou s’était également distinguée par une série d’accusations envers Patrice Talon. Elle avait explicitement accusé le président d’ethniciser la vie politique du Bénin, en opposant les Fon (sud) aux ethnies nordistes (Bariba ou Somba). Une accusation dont les répercussions en termes d’ordre public auraient pu être dramatiques.
Quelques jours plus tôt, le 6 février, elle accusait déjà le président d’être le commanditaire du meurtre de Ganiou Soglo, ancien ministre candidat à la présidentielle et fils de l’ex-président Nicéphore Soglo. Une accusation jugée invraisemblable jusque dans l’opposition.
On note donc dès le mois de février, une volonté de construire des narratifs séditieux. Des faits qui, combinés aux aveux du Colonel, crédibilisent les soupçons de la CRIET quant à une volonté de déstabilisation violente.
Refus des règles électorales
Quelques semaines avant les évènements, la candidature de Reckya Madougou avait été retoquée par la CENA. Ne disposant pas de suffisamment de parrainages, elle avait déclaré que ses potentiels parrains avaient subi des pressions du gouvernement, sans pour autant présenter des preuves. Ces déclarations, au mieux approximatives, rentraient d’ailleurs en contradiction avec les précédentes positions anti-parrainage de la candidate.
Pour certains observateurs, Reckya Madougou pourrait avoir sciemment saboté ses chances de candidature. Afin de nourrir par la suite des narratifs insurrectionnels destinés à présenter le président Talon comme un dangereux autocrate. Un préalable à des actions de déstabilisations plus violentes ? En tout état de cause, l’inculpation de la CRIET ressemble bien à une crainte réelle pour l’ordre public et moins à une pression de la part du gouvernement.
LA RÉDACTION
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