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L’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) est l’une des principales causes de décès et d’invalidité dans le monde. Pourtant, il est souvent évitable grâce à une meilleure prévention et à une détection précoce des facteurs de risque. A travers cette interview, Dr Christelle Randolph, médecin cardiologue, ré-adaptateur cardiaque au Centre cardiologique Léo, explique les facteurs qui conduisent à un AVC et comment réduire les risques.
Que peut-on comprendre par AVC et comment se déclenche-t-il ?
L’AVC, c’est l’abréviation d’Accident Vasculaire Cérébral. Il désigne une interruption brutale du fonctionnement du cerveau lié à un manque d’afflux de sang dans la partie du cerveau concernée.
Quels sont les facteurs de risque les plus fréquents qui prédisposent à un AVC ?
Il y a un terrain favorisant et sous nos cieux, c’est surtout l’hypertension artérielle non contrôlée. L’hypertension artérielle, c’est lorsque la tension artérielle, c’est-à-dire la pression avec laquelle le sang circule dans le corps est trop élevée. Quand c’est supérieur à 140/ 90 millimètres de mercure, on parle effectivement d’hypertension artérielle. Pour le savoir, il faut forcément mesurer la pression. Autrement dit, l’hypertension artérielle souvent ne donne pas de signe et ce n’est qu’en contrôlant que l’on sait que la tension est trop élevée et qu’il faut faire un traitement.
Parmi les facteurs de risque, il y a le diabète, le cholestérol trop élevé dans le sang, le stress, l’obésité abdominale et la sédentarité. Il y a également certaines maladies cardiaques qui donnent des arythmies, c’est-à-dire le cœur qui bat de façon anormale. Tout ce qui est facteur de risque pourvoyeur de maladies cardiovasculaires donne évidemment des AVC.
Y a-t-il des prédispositions génétiques ou héréditaires à l’AVC ?
L’AVC n’est pas héréditaire en tant que tel. Les facteurs de risque qui prédisposent à l’AVC peuvent avoir une prédisposition familiale comme l’hypertension artérielle. Par exemple, quand les parents sont hypertendus ou diabétiques, il y a un risque accru d’hypertension artérielle, mais ce n’est pas une fatalité, on peut toujours agir sur ça et éviter que ça n’arrive.
Comment expliquer le fait que les jeunes en souffrent de plus en plus ?
Les jeunes en souffrent de plus en plus parce que les facteurs de risque qui génèrent l’AVC sont de plus en plus fréquents à un âge moins avancé. Avant les AVC, c’était beaucoup plus les individus de plus de 65 ans. Malgré le fait que l’âge est diminué, ça reste toujours une maladie du sujet âgé. Il y a des jeunes qui se retrouvent dans cette situation parce qu’il y a de plus en plus de jeunes qui sont hypertendus, diabétiques et sédentaires. Ces jeunes ne font pas attention à ce qu’ils mangent et ne contrôlent absolument pas leur état de santé. Ils sont en bonne santé apparente, mais en réalité, c’est des hypertendus ou diabétiques qui s’ignorent. Ce sont des gens qui ont du cholestérol élevé. Ils ne font plus d’activité physique. Il y a jeunes gens qui sont soumis à des fortes pressions professionnelles et parfois aussi familiales et donc le stress s’installe. Il ne faut donc pas s’étonner quand les jeunes ont l’AVC.
Il y a beaucoup de personnes qui tombent dans leurs toilettes et meurent. Est-ce que ces cas-là aussi sont dus à l’AVC ?
Ça peut être dû à l’AVC puisque l’AVC peut dans des cas extrêmes donner une mort subite. C’est-à-dire quelqu’un qui va très bien et puis la minute d’après, il sombre subitement dans un coma et meurt. Ça peut être aussi dû à une embolie pulmonaire ou à d’autres causes aussi. Il n’y a pas que l’AVC.
En moyenne, combien de cas d’AVC avez-vous dans un mois ?
Nous nous sommes en cabinet médical, on peut en avoir peut-être trois à quatre cas par mois. Mais ceux qui travaillent dans les centres hospitaliers où ils gèrent des urgences, eux ils ont beaucoup de cas. Il y a un travail qui a été fait au CNHU de Cotonou, ils avaient jusqu’à 22 % d’AVC en admission au niveau des urgences, ce qui n’est pas négligeable.
Quel examen permet de détecter un risque d’AVC ?
Si on reçoit un patient qui a une tension artérielle très élevée, diabétique et commence déjà à avoir des signes avant-coureurs d’AVC (maux de tête très violents, des sensations d’engourdissement au niveau d’un membre ou parfois des troubles de mémoire ou bien des confusions de temps en temps) voilà quelqu’un qu’il faut surveiller de près. Il faut tout de suite chercher à savoir quels sont les facteurs de risque et ramener tous ces indicateurs qui sont rouges au vert.
L’examen qui permet de diagnostiquer réellement l’AVC, c’est le scanner cérébral voire même l’imagerie à résonance magnétique cérébrale. L’IRM cérébrale permet de détecter les micro AVC qui passent inaperçus et ne donnant pas vraiment de signes. Le scanner cérébral permet quand même de faire le diagnostic de l’AVC assez facilement et de dire quel type d’AVC. Il y a l’AVC ischémique et l’AVC hémorragique. L’AVC ischémique est beaucoup plus fréquent soit 75 % à 80 % et l’AVC hémorragiques, c’est entre 20 % et 25 %.
Comment prévenir l’AVC ?
Prévenir l’AVC, c’est agir sur les facteurs de risque qui génèrent l’AVC. Si vous êtes hypertendu, il faut bien prendre vos médicaments et s’assurer que les médicaments permettent de ramener votre tension à la normale. J’ai eu des patients qui prenaient leur médicament mais étaient à 160 millimètres de mercure ce qui est insuffisant. Ça veut dire qu’ils prennent le traitement, mais cela ne permet pas d’attendre les objectifs tensionnels souhaités. Leur risque va être quasiment le même que celui qui ne prend rien.
Il faut absolument que la tension soit bien équilibrée, essayer de diminuer le cholestérol élevé et bien traiter le diabète. L’activité physique est aussi très importante et surtout bien gérer son stress. La qualité de ce qu’on mange n’est pas à négliger. On n’a même pas besoin d’un médecin ou d’aller à l’hôpital pour ça et tout le monde doit y penser. Il faut prendre les bonnes habitudes à savoir manger moins gras, éviter l’huile, les peaux de bœuf, moins de sel et de sucre. Si vous avez une maladie cardiaque qui peut donner des caillots, il faut absolument prendre des médicaments sous contrôle médical.
Que faire immédiatement si l’on soupçonne un AVC ?
Dès que vous voyez par exemple une personne qui a une bouche qui se déforme, une déformation au niveau du visage ou vous faites face à une personne qui ne peut plus bouger une partie de la main ou du pied ou une personne qui a des troubles du langage, il faut aller en urgence à l’hôpital. Ce sont des signes que tout le monde doit pouvoir reconnaître pour pouvoir aider la personne. Plus vite on agit, plus vite, on a de chances d’éviter des séquelles chez cette personne.
Réalisé par Akpédjé AYOSSO
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