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Il y a 21 ou 22 ans, en 1999 ou 1998, je ne me rappelle plus exactement, j’avais détecté sa plume par l’entremise du journal Le Progrès où il s’est fait l’auteur d’un billet livré sous forme de brûlot volontairement sarcastique et méchant concocté contre quelqu’un que j’affectionnais et qui était Rédacteur en Chef du journal Le Citoyen. C’était un petit texte très agressif, vindicatif qui s’est permis de s’attaquer au physique de cette personne dans une diatribe corrosive particulièrement bien roulée.
Ainsi Tiburce participait-il à sa façon à ce que je croyais être à l’époque une guéguerre épistolaire entre canards encartés PRD et PRD- NOUVELLE GÉNÉRATION dans un contexte d’affrontement entre Adrien Houngbédji et son fidèle lieutenant Kamarou Fassassi que le Général Kérékou avait réussi à retourner contre le leader tchoco-tchoco. Face au petit texte, j’avais un sentiment ambivalent, j’en détestais le fond, et en adorais la forme. C’est méchant de s’en prendre au physique d’un ami, mais c’est si bien écrit que je ne pouvais que l’adouber.
Cette plume qui s’est présentée et s’est imposée à mon admiration sur 1/8 de page malgré l’ogive nucléaire qu’elle portait contre mes sentiments amicaux envers ce Red/Chef il y a plus de 20 ans, je l’ai retrouvée avec maturité et sagesse sur 624 pages entières. Quelle délectation !
Je ne fais pas dans le conformisme en rentrant dans la mouvance du charivari ambiant que MÉMOIRE DU CHAUDRON a installé dans l’univers de la toile. C’est parce que le livre est bon que j’en parle. S’il n’était pas bon, je n’en dirais rien. Il est excellent même et c’est pour rendre hommage à ce travail d’orfèvre, à cette œuvre de mémoire et de témoignages, à cet épique récit politico-sociologique que j’accouche tout ceci.
En 12 jours, je l’ai lu deux fois, et ce n’est pas que j’en avais le temps, mais du temps, je lui en amenagais, tellement il donne envie qu’on le lise si on aime la bonne lecture et si on aime scruter et visiter le landerneau politique béninois. MÉMOIRE DU CHAUDRON est ce parfait alliage entre le bon français et le français utile. Le passé-simple y est utilisé de la meilleure des manières avec un maniement de la concordance des temps qui honore la grammaire et la construction syntaxique.
Les envolées biographiques de l’auteur qui pouvaient apparaître dans un essai politique comme une faiblesse, en sont au contraire la force. Quand on y lit le passage de l’effraction qu’il a commise pour être à sa première rentrée
scolaire, sa quinte amoureuse avec la frêle et énigmatique Aminata, on ne peut que tomber de charme pour ce gamin de Yéboubéri.
Autre chose qui m’a aimanté dans ce livre, c’est le coup de fouet qu’il donne à la mémoire en la réveillant d’une torpeur installée par le temps long et la disparition de certains acteurs majeurs de l’histoire politique du pays. Ainsi MÉMOIRE DU CHAUDRON m’a fait revenir en mémoire certaines personnalités avec des détails de churigien comme Jean-Claude Hounkponou et son IPD affublé de son inusable GAMESU, de SAKA KINA avec son 2ème prénom GUÉZÉRÉ, et surtout de l’évocation de SIMON IFÈDÉ OGOUMA, tout comme si j’entendais encore mon père parler avec enchantement de cet idéologue du comité central du parti de la révolution populaire du Bénin 35 ans en arrière.
Bravo Tibo, salut l’artiste !
Constant SINZOGAN
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