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Depuis trois ans, l’association Art Thérapie Sabina accompagne des enfants en situation de handicap et ayant des difficultés solaires dans leur développement personnel et éducatif. Portée par le dévouement de Sabina Courte Koudafoke, fondatrice et mère inspirée, l’association place l’art et les activités manuelles au cœur de son approche inclusive.
Bonjour Sabina Courte Koudafoke. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a motivé à créer l’association Art Thérapie Sabina ?
C’est ma fille qui m’a donné cette force et cette bienveillance pour continuer à apporter des solutions aux parents des enfants en situation de handicap. J’ai mis au point avec un ami kinésithérapeute des techniques pour ma fille à l’époque. Je faisais le résumé de tous ses cours et interrogations et je soulignais aussi des phrases importantes pour apprendre. Elle a pu obtenir son Certificat d’Aptitude Professionnelle petite enfance. Au Bénin, j’ai trouvé beaucoup d’enfants en situation de handicap et j’au voulu contribuer à l’autonomie de ces enfants.
Pourquoi une ‘’association’’ et non ‘’une école’’
Quand j’ai quitté la France pour le Bénin, j’ai commencé des activités. Je travaillais dans une école et puis après, j’ai résolu de mettre à mon compte en ouvrant une association à but non-lucratif. Je n’ai pas le titre de madame la directrice d’école. J’ai d’autres diplômes dans le médical et dans le social, mais je ne suis pas professeure d’école.
J’ai décidé de garder ’’association’’ parce que je ne veux pas trente, cinquante, voire soixante enfants. Il faut prendre du temps pour chaque enfant en situation de handicap. Là, je suis à la troisième rentrée scolaire. Je ne mélange pas différents enfants qui sont trop nerveux avec d’autres. Il y a des enfants qui viennent que trois jours dans la semaine et d’autres deux fois, tout dépend de l’état de l’enfant, comment il peut supporter rester en groupe et comment il peut apprendre. Actuellement, nous sommes au maximum 12 par jour. On est ouvert du lundi au vendredi de 8 heures à 17 heures 15 min. Les samedis, l’Association organise des activités manuelles de 14 heures à 18 heures avec des enfants issus de tous les milieux sociaux.
L’association accueille des enfants de 4 à 20 ans avec des profils variés. Quels sont les principaux objectifs que vous visez à atteindre avec eux ?
Les principaux objectifs que je veux atteindre avec ces différents enfants, c’est qu’ils puissent se débrouiller quand ils seront adultes, c’est-à-dire qu’ils arrivent à faire les besoins du quotidien (se préparer, manger, se laver, se tenir correctement à table, pouvoir aller chez des amis sans hurler). Le premier objectif, c’est surtout de pouvoir s’occuper d’eux-mêmes parce qu’un jour, malheureusement, les parents partiront.
Comment l’art thérapie aide-t-il-les enfants en situation de handicap et ceux ayant des difficultés scolaires ?
L’art thérapie permet une ouverture d’esprit et permet de se sentir à l’aise avec ce qu’ils peuvent faire. L’art thérapie, c’est tout ce qui est la musique, la danse, la peinture, le dessin, le bricolage, la piscine. Tout ce qui permet une évasion dans le temps.
Les activités proposées sont très diversifiées. Comment choisissez-vous les activités ? Et comment s’intègrent-elles dans le parcours pédagogique des enfants ?
Quand les parents amènent leurs enfants, il y a une consultation. On parle de la grossesse de la maman à l’accouchement et de l’évolution de l’enfant. Ensuite, je fais un plan individuel pour chaque enfant. Les enfants ont tous un contrat d’école avec des objectifs bien clairs. Chaque mois ou par trimestre, on fait des examens et on revoit ce qu’on peut améliorer. À l’heure actuelle, il n’y a pas un seul qui a le même niveau intellectuel. Il faut s’adapter aussi aux humeurs de chaque jour, c’est ça qui est un peu difficile. Ils ont le même programme que dans un collège béninois ou français sauf qu’on va moins vite en raison de leur mémoire. On essaye de pallier avec d’autres activités (la natation, dessin, football, ndlr).
Avez-vous des souvenirs marquants ou des histoires d’enfants qui ont particulièrement évolué grâce à l’association ?
Certains de mes enfants ont beaucoup évolué. J’ai par exemple, un enfant trisomique et à l’école, il ne faisait que des poupées en tissu. On a décidé d’évoluer. Le but a été de l’apprendre à écrire, de compter, de faire des puzzles. On a noté une bonne évolution. Le plus dur, c’est de ne pas y arriver. Je me fixe des objectifs et quand je lis qu’avec un enfant c’est lent et difficile je revois le plan individuel de travail pour y arriver.
Quels sont les défis principaux auxquels vous faites face en tant que responsable de cette association et comment parvenez-vous à les surmonter ?
Nous avons des difficultés pécuniaires. Les parents payent par rapport à leur budget et j’essaye de prendre tout le monde. Il faut payer le loyer et les coûts des denrées alimentaires ont aussi augmenté. Je travaille avec une dame depuis l’ouverture il y a deux ans. Elle m’aide dans les activités pédagogiques et autres. On essaye d’avoir cette petite équipe pour le moment. Je ne peux pas avoir d’autres personnes parce que je n’ai pas les moyens financiers. Depuis un mois, j’ai une bénévole qui vient trois fois par semaines nous aider dans les cours le matin.
J’essaye de faire en sorte de travailler avec des choses simples qu’on peut acquérir à bas prix. Je travaille aussi beaucoup avec des produits à recycler tels les cartons ou j’ai mis au point un contrat où une fois par mois un supermarché de la place, nous donne des cartons. Je travaille avec les bouchons, les boites de conserves et d’autres produits que nous utilisons pour travailler.
Comment aimeriez-vous voir évoluer cette association dans les prochaines années ?
J’aimerais bien qu’il y ait des gens qui s’intéressent un peu à l’association ou d’autres qui sont dans le domaine. Je voudrais former une école d’art thérapeute pour la suite. Ce serait bien que derrière, il y a des jeunes qui comprennent l’enjeu. Tout le monde a le droit au respect et au travail et chacun peut y contribuer. La route est encore longue mais je vais y arriver car je crois en ces enfants.
Propos recueillis et transcris par Akpédjé Ayosso
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