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Situé dans l’arrondissement d’Adjaha, commune de Grand-Popo, Tokpa-Aïzo se singularise dans l’artisanat. Les habitants de ce village sont spécialistes dans la fabrication des paniers, source de leur revenu économique qui leur permet de subvenir aux besoins quotidiens.
Il est 10 heures, ce lundi 23 août. Le seul sentier en terre rouge qui mène au village Tokpa-Aïzo était presque désert. On se demande s’il y avait de vie. Le village, comme à son habitude, était tout calme. Mais dans ce calme apparent, les habitants étaient bien occupés dans leurs concessions. Le soleil, ce jour, avait déjà dispersé ses rayons partout.
Dame Marina était déjà à pied d’œuvre. Son bébé d’à peine 6 mois couché dans un berceau sur la véranda, couvert par une mini moustiquaire. Il dormait profondément, laissant le temps à dame Marina de s’activer à donner forme aux lamelles de branches de palmier pour en obtenir un panier. Cette ambiance, tout natif de ce village le vit au quotidien. ‘’C’est notre quotidien. On se réveille tôt. On fait d’abord les travaux domestiques. Moi, je m’emploie à donner à mon bébé son bain matinal puis on fait ce qu’on doit manger. Ce n’est qu’après tout ça qu’on vaque aux activités génératrices de revenus’’, explique dame Marina Akakpo qui, bien que nourrice, n’a pas dérogé à la règle.
Non loin d’elle, se trouve une autre, plus âgée, qui elle s’active à la fabrication d’un plateau. ‘’Nous ne savons que faire ça, fabriquer des paniers et les ‘’agbèdjè’’ ou plateaux. Moi ce matin, je continue avec les plateaux. Je ne compte pas faire des paniers aujourd’hui.’’, dit la vielle dame Afi.
Tout comme Marina et Afi, tous les habitants du village Tokpa-Aïzo sont des spécialistes dans la vannerie. Du petit au grand, fille comme garçon, femme comme homme, tous sont initiés à cet art qui fait de leur village une singularité dans la commune de Grand-Popo.
Le village des paniers
Les habitants du village de Tokpa-Aïzo sont des agriculteurs et utilisent toutes les parties du palmier à huile pour d’autres activités telles que la production d’huile rouge, du sodabi (liqueur à base de la distillation du vin de palme) et la fabrication artisanale des paniers.
La vannerie est activité économique qui occupe presque tous les habitants du village Tokpa-Aïzo. ‘’Nous sommes des héritiers des techniques de fabrication de paniers. Cette activité, ce sont les parents de nos parents qui l’exerçaient et depuis des lustres, nous essayons de perpétuer cette tradition. Dans notre village, tout le monde sait fabriquer de paniers.’’, témoigne René Ayikpé, chef du village. Il reconnait par ailleurs que sans cette activité, le village n’existerait pratiquement pas. Car, confie-t-il, grâce à cette activité, nous parvenons à régler tous nos problèmes vitaux. ‘’Mais, il faut dire que sommes d’abord des agriculteurs. C’est pendant les temps des crues ou de soudure que nous nous adonnons à la fabrication des paniers. Nous travaillons en général tout sur les paniers. Nous produisons de l’huile de palme, du vin de palme et nous utilisons les branches pour la vannerie’’, précise le chef du village.
Ainsi donc, Tokpa-Aïzo se trouve être un village où la fabrication des paniers est la chose la mieux partagée. Une activité artisanale qui ne se fait pas sans difficultés.
La vannerie et ses difficultés
Inhérentes à toutes activités, les difficultés ne manquent par pour la vannerie.
Pour la fabrication des paniers, les artisans sont aussi confrontés à des situations qui rendent leur travail plus ou moins difficile. ‘’Nous rencontrons des difficultés à plusieurs niveaux. D’abord avant de commencer, il faut se rendre au champ pour couper les branches. Après cela, il faut éplucher afin d’avoir des lamelles que vous transportez à la maison ou sur votre lieu de travail. Et c’est très difficile.
Le second niveau de difficulté réside dans la mise en forme. Donner une forme aux paniers par l’agencement ou le tissage des lamelles est un peu compliqué et il faut être très pointu pour y arriver’’, raconte Kodjo Cakpo très occupé à finir le premier panier de la journée. Et pour cause, l’autre challenge pour ces travailleurs de paniers, c’est le nombre de paniers fabriqués par jour. Et comme l’a souligné dame Marina, ‘’nous faisons 5 à 6 paniers par jour et ça dépend aussi de la taille du panier. Pour des paniers moyens ou grands, cela nous prend beaucoup de temps. Et par rapport aux plateaux, si on est rapide, on peut faire une dizaine par jour.’’
Une fois le produit fini obtenu, les artisans du village de Tokpa-Aïzo doivent faire face aux problèmes de marché d’écoulement. ‘’Nous avons plusieurs marchés d’écoulement. Soit nous allons à Comé ou à Adjaha ou encore à Djoda au Togo. Mais de plus en plus, les acheteurs viennent directement dans nos maisons pour les achats. Toutefois, si quelqu’un veut vendre plus cher, il se rend au marché avec ses produits.
Par rapport à la taille des paniers, les prix varient entre 300 et 700 francs CFA. Mais il y a des périodes où ces prix sont complètement cassés. Nous faisons avec.’’, confie René Ayikpé.
Le travail de la vannerie n’est pas facile certes, mais il nourrit son homme. Et René Ayikpé ajoute que grâce à la vannerie, les populations de Tokpa-Aïzo subviennent à la scolarisation des enfants et les entretiennent comme cela se doit.
A Tokpa-Aïzo ou le village des paniers, une localité calme loin des bruits des grandes villes, les populations s’adonnent paisiblement à leur activité de prédilection, la vannerie.
Malgré les difficultés, elles continuent de persévérer assurant ainsi la transmission des techniques de génération en génération.
Un regard bienveillant des autorités locales ou des organisations non gouvernementales oeuvrant dans le social pourrait les aider à mieux s’organiser et profiter plus des fruits de leur labeur.
Cokou Romain COKOU.
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