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La cinquième édition du Cyber Africa Forum (CAF), tenue les 24 et 25 juin 2025 à Cotonou, marque un tournant stratégique pour la cybersécurité en Afrique. Cet événement annuel, devenu incontournable pour les acteurs du numérique sur le continent, s’est fixé comme objectif de renforcer la résilience des écosystèmes numériques africains face aux cybermenaces croissantes.
Le Cyber Africa Forum est une plateforme unique où se retrouvent décideurs politiques, experts techniques, institutions et entreprises pour discuter des enjeux critiques de la cybersécurité. Sous le thème de la « Résilience des écosystèmes numériques : de la nécessité de changer de paradigme », cette édition a mis l’accent sur l’importance d’anticiper les risques numériques, notamment face aux cyberattaques croissantes et aux vulnérabilités des infrastructures digitales africaines.
L’Afrique est confrontée à une montée en puissance des cybermenaces. Selon un rapport récent d’Interpol, deux tiers des pays membres africains ont indiqué que la cybercriminalité représentait une proportion moyenne élevée sur le total des crimes enregistrés. Plus de 30 % des crimes signalés en Afrique de l’Ouest et de l’Est correspondent à des activités criminelles en ligne. Les menaces les plus fréquentes incluent, la propagation fausses informations, les escroqueries numériques, les attaques par ransomware, l’usurpation d’identité dans les e-mails professionnels et le « sextorsion ». Ces chiffres alarmants soulignent l’urgence de renforcer la cybersécurité sur le continent.
Pour faire face à ces menaces, le Cyber Africa Forum travaille à accélérer les initiatives engagées pour améliorer la résilience numérique africaine. Pour cela se sont plus de 2 500 participants qui ont porté leur réflexion sur l’élaboration de solutions concrètes et accessibles aux États, aux entreprises et aux citoyens.
En effet, l’erreur humaine reste la principale faille, soulignant l’importance du développement des compétences et de la culture de la cybersécurité parmi les citoyens, fonctionnaires et entreprises. La vétusté des infrastructures numériques et la faible culture en matière de cybersécurité figurent également parmi les obstacles majeurs. Pour contrer ces menaces, le CAF 2025 a formulé plusieurs recommandations, notamment la création de bases de signatures et de référentiels locaux adaptés aux contextes africains, ainsi que le développement de simulations de crises réalistes impliquant tous les métiers.
La cybersécurité en Afrique : un enjeu transversal
Pour la toute première fois, le CAF s’est tenu à Cotonou au Bénin, qui s’est imposé comme un modèle de digitalisation structurée avec des initiatives phares telles que Sèmè City et l’ASIN. Le soutien actif du gouvernement béninois à cette édition témoigne de sa volonté d’ouvrir un espace de dialogue national, régional et international autour des grands défis numériques. Aurélie Adam Soulé Zoumarou, ministre béninoise du Numérique et de la Digitalisation, a souligné que le Bénin a mis en place une stratégie nationale de cybersécurité centrée sur l’humain depuis 2020. Cette stratégie s’appuie sur des infrastructures solides, telles qu’une infrastructure nationale de gestion de la clé publique (PKI), un laboratoire de sécurité numérique et une politique de protection des infrastructures critiques. Le cas Bénin montre que la cybersécurité doit transcender les acteurs, les secteurs et les frontières pour établir une stratégie efficace contre la cybercriminalité.
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Plus concrètement, le forum a encouragé la création de cadres réglementaires harmonisés qui permettent une meilleure coordination entre les différents pays africains. Ces régulations visent à standardiser les pratiques de cybersécurité et à faciliter la coopération transfrontalière en cas de cyberattaques. De plus, le forum a mis l’accent sur le renforcement de la coopération intersectorielle pour aboutir à des systèmes de défense en profondeur mutualisés. Dans cette logique, les entreprises et les institutions devront collaborer davantage pour partager les informations sur les menaces et développer des solutions communes. Par ailleurs, l’investissement massif dans la formation de talents locaux est une autre décision clé prise lors du CAF. Le forum a donc recommandé la mise en place de programmes éducatifs spécialisés, de bourses d’études et de partenariats avec des institutions académiques pour développer les compétences nécessaires. Par exemple, le CAF Hacking Challenge a réuni des jeunes passionnés en cybersécurité pour développer et valoriser leurs compétences informatiques.
La résilience numérique doit devenir un réflexe collectif pour protéger les services clé tels que la santé, la finance et l’éducation, qui s’appuient de plus en plus sur le digital. Le Cyber Africa Forum 2025 a posé les bases d’un avenir numérique plus sûr, plus éthique et plus inclusif pour l’Afrique.