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Dominique Barjolle, 51 ans et docteur en économie agraire, directrice adjointe, depuis 1er mai 2012, de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), le plus grand institut biologique du monde. Experte de FAO sur le plan de la recherche scientifique et de la vulgarisation, elle travaille sur les normes d’indication géographique depuis une vingtaine d’année, d’abord en Suisse, son pays d’origine et puis en Afrique. De passage à Cotonou au Bénin dans le cadre d’un atelier de haut niveau sur l’indication géographique organisé par la Plate-forme nationale des organisations paysannes et de producteurs (PNOPPA-Bénin), elle explique le concept et son avantage pour le développement des filières agricoles au Bénin.
Kiko : que peut-on comprendre par indication géographique ?
Dominique Barjolle : l’indication géographique, c’est le nom d’un produit qui peut être un aliment ou un produit artisanal, appelé par son origine géographique. C’est quelque chose qui va permettre aussi de le distinguer par rapport à d’autres produits. Cette indication géographique indique que le produit est lié à un lieu géographique avec une qualité qui lui donne un goût particulier, qui fait que le consommateur va s’intéresser. Vous avez aussi des produits artisanaux. En Côte d’Ivoire nous avons par exemple les toiles de Korhogo, qui est un tissu produits à Korhogo dans le Nord pays. Tout le monde le connait et culturellement c’est un label.
Le concept de produits de qualité d’origine d’identification géographique est-il connu au Bénin ?
Le concept d’identification géographique n’est pas totalement bien établi au Bénin. Il y a quelques cadres qui ont été entretenus. Au niveau de la sous-région, nous avons l’Organisation africaine, c’est la propriété intellectuelle (OAPI) qui travaille sur ça depuis 2 ans. Le Bénin a aussi un comité qui est chargé d’identifier et d’évaluer les produits qui vont prendre l’indication géographique au Bénin. C’est quelque chose qui a été mis en place en 2013 seulement. Donc, on attend ici des producteurs et des consommateurs au niveau de ce comité qui peine à examiner les dossiers. Pour l’instant, il n’y a pas encore un seul dossier qui soit déposé auprès du comité régional. C’est dommage.
Quelles stratégies il faut mettre en place pour que les indications géographiques soient vraiment établies et que les producteurs s’y intéressent ?
Il faut commencer actuellement des ateliers de d’information et de sensibilisation sur le sujet pour que tout le monde comprenne bien la démarche, les produits éligibles à l’identification géographique et comment déposer un bon dossier pour arriver au bout des procédures d’enregistrement et comment faire la promotion aussi. Ensuite, avoir un volet de commercialisation pour le produit pour que ces produits puissent bien se développer et gagner plus la confiance des consommateurs.
Quelles sont les avantages de l’obtention du label Indication géographique ?
C’est quelque chose qu’on a eu sur plusieurs produits. Par exemple, au Cameroun, il y a eu tout une démarche autour du poivre de Pendjab. Et le prix du poivre de Pendjab à augmenter de 1,5. Les producteurs gagnent plus avec le produit. Ils ont innové en trouvant un emballage très esthétique et avec cela, ils ont pu exporter le produit davantage et vendre évidemment davantage. Le produit a été bien vendu et moi, j’ai été surpris de voir dans le musée de Nestlé, qui est une grande entreprise agro-alimentaire Suisse, le poivre de Pendjab. Et pour moi, c’était la preuve que le produit a suivi une belle promotion et qu’il a réussi à se vendre même à des endroits comme le musée de Nestlé, c’est vraiment extraordinaire.
Merci, madame.
C’est moi.