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Ce samedi 10 mai à 22h, le Bamboo Numérik rendra hommage avec un concert de la chanteuse Tyldah à deux icônes : Bob Marley et Mère Jah. Kmal Radji, Directeur du Centre Culturel explique l’importance pour lui de rendre hommage à ces deux monuments de la culture Rastafari.
Pouvez-vous vous présenter et expliquer depuis quand cette tradition d’organiser un concert hommage à Bob Marley existe-t-elle ?
Je m’appelle Kmal Radji, je suis le directeur du centre culturel du Bamboo numérique, un centre culturel qui existe depuis près de 10 ans au Bénin. Et donc, on a une programmation culturelle que nous faisons chaque année dont justement la date du 11 mai.
C’est une petite tradition qu’on faisait déjà depuis pas mal d’années donc chaque année on organise un concert hommage à Bob Marley et pour célébrer sa musique, son message et puis aussi sa philosophie.
C’est une très belle tradition. Dans le paysage médiatique, c’est très important de continuer toujours à rappeler le message d’amour de Bob Marley, la philosophie Rastafari, et aussi la place de la musique de Bob Marley dans le monde africain, dans le monde noir en général. Et finalement, rappeler notre sensibilité aux Afro-descendants dans les Caraïbes, parce que vous savez que Bob Marley vient de la Jamaïque. Nous souhaitons rendre vivant son message.
Pourquoi cela vous tient-il à cœur d’organiser un concert hommage à Bob Marley ?
Est ce parce que le Bénin c’est une terre qui est importante pour les Afro-descendants ?
Oui, le Bénin c’est une terre qui est très importante. Vous n’êtes pas sans savoir qu’ici il y a eu un grand passage des hommes et des femmes qui se sont retrouvés dans ces pays-là, notamment avec l’histoire de l’esclavage, Ouidah, etc. Alors aujourd’hui, le Bénin s’est placé vraiment comme un pays qui a pris conscience vraiment de la violence de tout cela et qui veut justement redonner de cette part d’africanité à tous les Afro-descendants.
« La mère Jah a été un mentor pour moi »
Pourquoi c’est important pour vous de rendre hommage à Mère Jah cette année ?
Déjà, c’est quelqu’un qui a connu Bob Marley, elle a marché avec lui, notamment avec sa femme Rita. Cette philosophie là du retour en Afrique, avec sa famille ils ont été pionniers de cela.
Ça va faire déjà plus de 30 ans, près de 40 ans qu’ils ont fait le retour en Afrique avec toute leur famille. En 1997, ils ont été reçus par les Béninois, notamment par le président Kérékou qui les a installés à Pahou [localité proche de la ville de Ouidah, ndlr]. Avec la famille, ils ont fondé une école qui s’appelle Ecolojah. Pendant longtemps, la famille a été l’ambassadrice de la diaspora en Afrique et pionnier de la philosophie Rastafari pour aider les Afro-descendants au retour en Afrique à reprendre une part d’africanité et participer à la construction du continent.
Mais ça a été possible avec aussi l’engagement qu’ils avaient déjà pris avec le mouvement Rastafari et notamment avec Bob Marley. Moi, j’ai connu la famille Jah personnellement et la mère Jah, c’était un mentor personnellement. Elle a toujours été vraiment quelqu’un qui veut qu’on célèbre nos disparus et qui personnellement aussi nous a toujours conseillés, nous a accompagnés, et qui a été vraiment un repère pour la jeunesse militante en Afrique et béninoise, nous a donnés vraiment tout ce qui était à savoir sur l’agroécologie, sur l’importance de faire à manger, de produire notre manger, de prendre conscience de la nature et de participer activement à l’autodétermination du continent africain.
Et elle était aussi proche de Rita Marley, la femme de Bob Marley qui a fait le retour au Ghana. De plus, chaque année avec elle on a toujours aussi célébré le mouvement Rastafari. On a toujours célébré aussi la musique de Bob Marley.
Il s’est fait qu’elle est morte le vingt-quatre avril, il y a un an maintenant.
Et vu la concordance aussi du mois d’avril, du mois de mai, on a décidé de continuer dans cette démarche-là, à célébrer maintenant la mère Jah au Bénin et de célébrer aussi la mère Jah avec la musique de Bob Marley et je sais où elle est, elle serait vraiment très très heureuse d’avoir cela.
Elle a participé, à faire connaître énormément de personnalités noires au Bénin, donc pour nous, ce n’est que normal et ça va vraiment être la tradition : rappeler son message à travers le message de Bob Marley et de continuer à la rendre vivante.
« L’artiste Tyldah, c’est la meilleure chanteuse de reggae que j’ai connue »
Que pensez-vous de l’initiative de Dassa Zoumé de vouloir ralentir la consommation de tabac durant les célébrations à Bob Marley ?
Déjà, ce que les gens doivent comprendre, c’est que la musique de Bob Marley ne se limite pas à la consommation de ganja [nom familier pour cannabis, ndlr]. La musique de Bob Marley, c’est d’abord une musique spirituelle qui éveille l’âme.
Et puis moi par exemple, je connais des rastas qui n’ont jamais touché à la ganja, parce qu’aussi on veut diaboliser toute cette philosophie en la limitant à la consommation du ganja. Donc moi, je trouve ça vraiment dommage, je pense que c’est faire de l’amalgame.
Nous, lorsque nous programmons le 10 mai, une commémoration à des personnes qui nous ont inspirés, on ne pense pas du tout à la gandja.
Moi-même qui suis ici, je ne suis pas un fumeur de gandja donc, je pense que c’est justement réduire toute la démarche de ce qu’on essaye de faire. Vous voyez par exemple quand vous prenez Tyldah qui n’est pas une artiste de reggae à la base. Elle a fait le conservatoire, elle a fait du jazz, mais je trouve que c’est la meilleure chanteuse de reggae que j’ai connue.
Et c’est pour ça que depuis l’année passée, elle tient vraiment cette scène-là, elle participe à célébrer cette tradition-là et ce serait vraiment génial et magnifique de venir écouter une artiste comme cela se produire.
La musique de Bob Marley est une musique qui transcende. Et puis d’ailleurs, les Rastafari eux-mêmes le disent le ganja c’est pour transcender mais pour nous, ce n’est pas ça qu’on retient de ce rendez-vous-là.
Alice PERRET (Stagiaire)
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