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En marge de la Première Conférence ministérielle des Etats africains riverains de l’Atlantique tenue, ce mercredi 8 juin 2022, à Rabat, l’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bénin près le Royaume du Maroc a accordé une interview exclusive à ’’24 Heures au Bénin’’.
Le Représentant du Bénin à cette rencontre fait le point des résultats des travaux de la réunion. Son Excellence Monsieur Serge DAGNON parle aussi des avancées de la coopération bilatérale.
Bonjour Excellence. Vous venez de représenter le Bénin à la Conférence ministérielle des Etats africains riverains de l’Atlantique. Que peut-on retenir de la conclusion de vos travaux ?
La Conférence ministérielle des Etats africains riverains de l’Atlantique qui est à sa troisième édition, mais qui réunit pour la première fois les Ministres des Affaires étrangères, vient effectivement de s’achever ici au Maroc. C’est une rencontre des Ministres des Affaires étrangères mais malheureusement le Ministre Aurélien AGBENONCI empêché, n’a pas pu effectuer le déplacement de Rabat.
Il ressort essentiellement des travaux qui se sont articulés autour de trois axes à savoir – dialogue politique, de sécurité et de sûreté – économie bleue et développement – environnement et énergie, que l’espace Atlantique constitue un espace géopolitique et géostratégique important qui a été délaissé pendant longtemps. Il a fallu attendre 2009 pour que le Maroc lance le processus de Rabat des Etats africains atlantiques. Ce processus a connu quelques balbutiements et la réunion qui vient de s’achever constitue sa relance.
Nous pouvons retenir que cette rencontre dont les débats ont été très intenses a permis de comprendre que l’Atlantique n’est pas qu’un espace maritime mais surtout une identité que nous avons en commun et qui comporte plusieurs thématiques (transport, énergie, environnement, sécurité maritime, pêche et ressources halieutiques, terrorisme).
Il apparaît désormais que les pays ayant cette façade maritime en commun en Afrique doivent se mettre ensemble pour relever les grands défis de ce monde auxquels aucun pays ne peut faire face tout seul.
En quoi cette Conférence est-elle utile pour le Bénin et quelles sont les opportunités qui s’offrent au pays en tant que riverain de l’Atlantique ?
Vous savez que notre pays fait face à d’énormes défis sécuritaires (piraterie maritime, menaces terroristes, trafics de drogue, etc.), défis environnementaux (pollution marine, érosion côtière). Appartenir à un tel espace structuré où les efforts des différents pays membres seront conjugués n’est que bénéfique pour le Bénin.
A partir de cet instant, le Bénin pourra apprendre des autres pays africains atlantiques et également partager avec eux, ses pratiques et expériences.
N’oublions pas qu’en termes d’économie bleue, l’océan atlantique a d’énormes potentiels mais reste très peu exploités par notre pays. Il faut noter que l’économie bleue comprend, entre autres, les secteurs suivants à croissance considérable : l’extraction de richesses minières en eaux profondes, la production de pétrole et de gaz au large, la production d’énergies bleues renouvelables, l’activité portuaire, le transport maritime, la pêche, le tourisme côtier, maritime et de croisière, etc.
Autant d’expertises dont notre pays pourrait bénéficier en termes d’échanges et d’expériences, de transferts de compétences et de renforcement de capacité.
Comment appréciez-vous la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a relancé les activités de cette organisation initiée depuis plus d’une dizaine d’année ?
La côte atlantique africaine représente les plus grands défis auxquels le continent doit faire face, en matière de développement mais aussi de démographie et de lutte contre plusieurs périls comme le terrorisme ou la piraterie. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en décidant de relancer les activités de cette organisation, vient une fois encore démontrer tout son attachement à l’intégration et la coopération entre les pays frères africains riverains de cet espace en vue de bâtir les ponts d’une alliance entre des Etats concentrant l’essentiel des richesses du continent, du plus gros de la démographie et d’importantes potentialités.
Depuis l’avènement de S.E.M. Patrice Talon à la présidence de la République du Bénin, quels sont les changements notables que vous pouvez évoquer dans les relations de coopération avec le Maroc ?
Je dirai que la coopération bénino-marocaine depuis 2016 est dans une nouvelle dynamique basée sur une relation de confiance et de respects mutuels. Avec le Maroc, nous sommes dans un partenariat structurant entre nos deux pays. Vous devez constater que beaucoup d’entreprises marocaines sont présentes aujourd’hui au Bénin. C’est le fruit d’une confiance retrouvée et de la dynamique dans la gestion des affaires au Bénin. Le défi pour nous est de renforcer cette coopération économique et commerciale par l’augmentation du volume des investissements marocains au Bénin et la présence des produits béninois au Maroc. Nous nous attelons à relever ce défi ensemble avec le Patronat béninois et la Confédération générale des Entreprises du Maroc. Dans les mois à venir, une Conseil d’affaires Bénin-Maroc sera mis en place dans ce sens.
Aussi convient-il de souligner que sur le plan politique, le Bénin et le Maroc ont tenu leur sixième grande commission mixte de coopération en 2019 et la septième édition aura lieu avant la fin de cette année.
Le plus grand changement depuis 2016 est que le Bénin s’est révélé à lui-même et au monde entier par son sérieux, sa gestion rigoureuse des affaires et son dynamisme.
Tout cela contribue au respect de notre pays et facilite la mise en œuvre d’une bonne coopération entre nos deux pays.
En tant qu’Ambassadeur du Bénin auprès du Royaume du Maroc, quelles propositions pouvez-vous faire en vue de renforcer davantage les relations bilatérales ?
Nous avons beaucoup à apprendre du Maroc car les potentialités y sont énormes pour notre pays.
Le Maroc a connu ces vingt dernières années, un développement économique qui devrait faire la fierté des pays africains au Sud du Sahara. C’est fort de ce constat que mon souhait serait de nous engager beaucoup plus dans le développement de la coopération Sud-Sud pour tirer le meilleur parti de l’expérience marocaine.
Cette vision améliorerait et renforcerait les relations bilatérales entre le Bénin et le Maroc.
Merci Excellence.
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