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“Broken Drums”, film bénino-togolais a été récompensé au FESPACO 2025 pour son regard unique sur l’immigration et la mémoire.
La 29e édition du Festival Pan-Africain et du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) a vu briller le Bénin et le Togo avec le film “Broken Drums”, réalisé par Marcellin Bossou-Hunkali Akakpo Massinou. Produit par Arnold Setohou et soutenu par le Fonds de Développement des Arts et de la Culture (FDAC), le film a remporté le prix Nour-Eddine Saïd comprenant une bourse de 50 000€ (près de 33 millions FCFA) pour financer le montage du film au Maroc. Sur Instagram, interviewé par Valentin Taou, il se dit très fier ”parce que cette année, on a vu les choses en grand”
Quand les blessures du passé remontent à la surface
“Broken Drums” se passe entre Ouidah (Bénin) et Lomé (Togo). Il raconte l’histoire de Manu, une adolescente de 15 ans découvrant la malédiction qui pèse sur sa famille, autrefois esclavagiste. Elle entreprend alors un voyage à travers l’Atlantique, des rives du Golfe de Guinée jusqu’aux Antilles. Un Egungun (esprit des ancêtres) l’accompagne à travers ce périple ainsi que des percussions, instrument symbolisant la réparation de la mémoire.
Le réalisateur explique lors d’une interview à LCA : "Nous connaissons tous le fléau de l’immigration clandestine aujourd’hui et beaucoup de ce qui a été essayé pour stopper ce fléau n’a pas fonctionné. Nous avons essayé de faire un lien spirituel avec l’esclavage d’antant. Et si l’immigration clandestine d’aujourd’hui n’était qu’une conséquence spirituelle de l’esclavage ? On explore une piste de solution dans une fiction fantastique explorant la relation entre son père et sa fille [...]."
Le défi du financement du cinéma africain avec des moyens locaux
Les récompenses et les aides financières reçues participent à tirer le projet vers de plus hautes sphères. L’industrie cinématographique africaine porte ainsi des projets qui peuvent dessiner la réalité du continent tout en s’exportant hors de ses frontières. Mais ce n’est pas toujours simple de trouver des financements locaux.
"Souvent nous dépendons de moyens occidentaux. Pour raconter nos histoires, il faut que nous puissions les raconter avec une certaine liberté’’, explique Marcelin Bossou, toujours dans l’interview avec LCA. Le réalisateur n’occulte pas la piste des alternatives. ’’La question de coproduction avec les pays du Sud est très importante parce qu’on sait que le cinéma coûte cher, mais si chacun amène un peu de chez lui et qu’on raconte des histoires qui nous sont communes à un moment donné, on détiendra le monopole de notre financement et ça c’est très important dans l’Afrique de demain.", a-t-il conclu.
Encadré : Qui est Marcelin Bossou ? “Faire d’un regard une aventure”, c’est la devise du réalisateur Marcellin Bossou dans sa biographie Instagram. Né de parents Béninois et ayant grandi au Togo, le producteur né en 1984 fait ses premiers pas dans le cinéma avec le court métrage ’’La bourse ou la vie’’ en 2010 et ’’Nuit de noces’’ grâce auquel il reçoit le Grand Prix au Festival du film court francophone d’Atakpamé (Togo) en 2012. Avec son troisième court métrage les "Deux frères", il remporte le prix de la meilleur photographie au festival CLAP IVOIRE en Côte d’Ivoire en 2015. Souhaitant transmettre l’art cinématographique dont il est tombé amoureux, il fonde la société de production Marbos pour “accompagner les jeunes dans leurs premiers pas dans le cinéma”. Cette année, il présente deux films au festival FESPACO, ’’Broken Drums’’, tourné en 2025 et pour lequel il cherche des financements pour finir de le monter, et ’’Warassa’’. |
Alice PERRET (Stagiaire)
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